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Thursday, March 10, 2011

Chercher le courant: Les castors contre-attaquent !

Mon amie Catherine vient de publier un post qui ramène la question fondamentale: "que ferons-nous lorsque nous serons 9 milliards d'humains sur Terre?".  C'est très bien écrit, c'est poétique, à lire ici.  Je reprends le vidéo de National Geographic



J'ai le goût de lui répondre par ce post spécial.

Moi aussi ça m'interpelle 9 milliards, c'est étourdissant un chiffre dont on ne peut saisir l'ampleur.  Toutefois je crois que c'est la meilleure ou la pire chose qui pourra nous arriver.

La meilleure car lorsque nous serons si nombreux, les ressources prendront une valeur si importante que nous arrêterons de les gaspiller car nous n'en n'aurons plus les moyens.  Pensez au développement de l'auto électrique qui est maintenant un produit de consommation courante.  Il n'y a pas si longtemps, des légendes urbaines (ou peut-être pas) faisaient état d'un cartel du pétrole qui achetait les idées des inventeurs afin de tuer ce produit dans ses balbutiements de développement.  Or aujourd'hui lorsque je fais le plein à 1,33$ le litre (6 mars 2011) je rêve d'une Prius, option inexistante lors du choc pétrolier des années 1970.

La meilleure car nos sociétés de l'automobile arrêteront l'étalement urbain sur des terres arables cultivables lorsque les pays étrangers en auront suffisamment achetées pour nous mettre en pleine face leur valeur stratégique.

La meilleure car enfin le capitalisme aura une bourse du carbone planétaire qui, bien que philosophiquement imparfaite, est la meilleure solution pour assurer le développement et l'exploitation d'énergies renouvelables tout en protégeant le bien commun écologique.

La meilleure car cette pression sur les ressources et les denrés pousse déjà à la porte nombre de dictateurs moribons au model de développement social disons... corrompu et coercitif.

C'est poussé à la limite par le nombre que l'on verra l'Homme s'élever et devenir responsable, par nécessité plus que par choix car aujourd'hui les autres choix sont encore trop faciles à faire.  Malgré tout, le changement s'accomplit déjà, nous en sommes les acteurs, les témoins.

La pire chose car si nous n'agissons pas assez vite on pourrait bien se ramasser avec une île de Paques planétaire... d'où nous serons absents... exilés en orbite en quelque part ou tout simplement disparus.

C'est aussi pour tout ces enjeux qui dépassent de loin les frontières de notre insignifiante province que je suis pour l'exploitation d'un cocktail de solutions pour la production d'énergie afin de subvenir aux besoins du plus grand nombre le plus écologiquement possible tout en s'enrichissant, collectivement, par la bande.
Je suis pour la Romaine en autant que ce soit rentable à moyen terme, ce que semble démontrer les données de source neutre disponibles (production à 6¢, durée de vie 100 ans).  Mais je suis encore ambivalent...



Je suis pour le développement de la filière éolienne, géothermique, marémotrice ainsi que la fusion nucléaire.

Je suis aussi pour l'exploitation responsable des gaz de schistes.  Un moratoire de 20 ans me semble absurde. Un développement contrôlé à partir de recherches en collaboration (universitaire, gouvernemental, industriel) faites sur un puit d'essai, oui.  Le gaz c'est écologiquement mieux que le pétrole et cela pourra servir à financer le développement de solutions plus écoénergétiques.
2011-03-10 : Mise-à-jour : Le rapport du BAPE qui vient de sortir sur ce sujet chaud abonde exactement dans le même sens ;-)  Pour en trouver une copie, suivre ce lien


Le lien vers l'article de Jean-François Lisé qui cite plein d'internautes:
Alertinternaute de la semaine - Chercher le courant: Les castors contre-attaquent ! | Le blogue de Jean-François Lisée

La copie de l'article car trop souvent ces liens s'évanouissent...




Chercher le courant: Les castors contre-attaquent !


Publié dans : Alertinternaute de la semaineEnvironnementÉconomie


Le film “Chercher le courant” et les billets que j’y ai consacrés ont poussé plusieurs alertinternautes à participer au débat.
L'argument de la durée...
L'argument de la durée...
Je rends compte ici des contributions qui m’ont semblé, jusqu’ici,  les plus riches en information. Elles vont principalement dans le sens d’une défense économique et parfois écologique de la construction de La Romaine. Et offrent, à mon avis de généraliste, une meilleure défense du projet que ce qu’en a fait jusqu’à maintenant Hydro-Québec.
Mais le débat est ouvert et j’ai l’impression qu’il y aura une contre-contre attaque…
Pierre-Olivier Pineau, spécialiste  en énergie aux HEC, envoie la contribution suivante:
Ce documentaire est excellent, mais je ne crois cependant pas qu’il aura l’impact de L’erreur boréale, ni même que la principale conclusion qu’il suggère (que La Romaine est une erreur) soit correcte.
Il n’aura pas l’impact de L’erreur boréale parce que les dommages (environnementaux) que La Romaine cause restent limités et sont compensés par certaines mesures locales et, surtout, par les Gaz à effets de serre (GES) évités lorsqu’on exportera sa production.
De plus, les problèmes soulignés par le film ne sont pas que des problèmes dont le gouvernement est responsable: nos médiocres ambitions en efficacité énergétique ne sont pas que le résultat d’un gouvernement sans politique énergétique cohérente. C’est plutôt la conséquence du fait que la grande majorité des consommateurs ne cherche pas à consommer moins d’électricité, ce que les bas prix permettent de faire sans problème. Or la plupart des Québécois veulent maintenir des bas prix… et les gouvernements écoutent les électeurs (sur ce point là).
Les énergies renouvelables, brillamment présentées dans le film sont encore malheureusement soit trop chères, soit pas assez contrôlables pour permettre d’exporter aux meilleurs moments, soit les deux. La Romaine vise clairement l’exportation dans un statu quo d’efficacité des prix (voulu par les Québécois): un projet éolien ne serait donc pas un substitut direct acceptable d’un point de vue commercial.
Le dernier point à traiter, central, est celui de la rentabilité du projet. À 9,2¢/kWh, tout le monde fait de l’argent (Hydro-Québec et les redevances hydrauliques sont payées). Le seuil de rentabilité est en fait à 6,4¢/kWh – ce qui est raisonnable parce que les principaux coûts de La Romaine sont le paiement des intérêts sur la dette. À 5% d’intérêt, le prix de revient serait en fait moindre – et Hydro-Québec vient d’emprunter 500$ millions à 5%, pour 40 ans. Le risque de taux variables est donc largement absent par la longueur des échéances des obligations.
Pour qu’Hydro-Québec ne puisse pas vendre la production de La Romaine à profit à partir de 2014, il faudrait que le prix du gaz naturel reste inférieur à 6 de 2014 à 2074 (si on utilise un horizon de 60 ans pour l’amortissement). (Le prix du gaz naturel est important parce que c’est la source d’énergie utilisée pour produire de l’électricité à défaut d’avoir de l’hydroélectricité, c’est donc la base des estimés pour le prix à l’exportation). Or on observe déjà ce prix [de 6]sur les marchés des “futures” pour 2015. De plus, les scénarios de bas prix du gaz sur de longues périodes (comme ceux que croient Jean-Thomas Bernard) impliquent les choses suivantes: (1) l’offre de gaz de schiste restera abondante et croissante, sans être contrainte; (2) la demande de gaz naturel restera stable; et (3) peu ou pas de contraintes sur les GES vont être mises en place. Il serait extrêmement étonnant que ces trois prémisses se réalisent, et que le gaz naturel entre dans une période prolongée de bas prix (comme ce n’est jamais arrivé, malgré ce qu’on croyait autour de l’an 2000, lors que le Suroit était prévu).
Pour que La Romaine soit rentable, il faut donc que l’électricité alternative -sur les marchés d’exportation- se vendent à au moins 6,4¢/kWh… une chose hautement probable dans les années à venir.
Évidemment, aujourd’hui le prix de vente est plus souvent autour de 5¢/kWh, parce qu’on est en fin de récession. La construction de La Romaine se fait de manière précipitée – il aurait évidemment fallu faire nos efforts d’efficacité énergétique avant et attendre que les prix à l’exportation soient plus élevées. Mais le développement régional (et les entrepreneurs locaux et provinciaux) sont très contents que le gouvernement agissent de manière précipitée. On a donc une explication pour la construction hâtive. (Et sans doute des scandales encore ignorés, comme le suggère d’ailleurs le film).
À terme, cependant, La Romaine a toutes les chances d’être rentable et de faire diminuer le bilan de GES global (le seul qui compte) et personne n’en parlera plus.
Pierre Gilbert, du Groupe de recherches écologiques de La Baie, insiste sur la durée et la durabilité des barrages par rapport aux éoliennes: 
L’énergie nette produite par les éoliennes: elles ont une durée de vie de 20 à 25 ans contre 50 à 100 ans pour les barrages hydroélectriques au Québec. Dans un monde qui s’affranchit progressivement du pétrole, cette notion de l’énergie nette, ou rendement énergétique, est fondamentale.
La fragilité. Les éoliennes sont les machines ancrées au sol les plus complexes que l’humain ait créé. Cet aspect n’est pas mineur au regard de la quantité d’éoliennes qu’il faudra implanter au lieu de barrages hydroélectriques.
Puis, la justification de l’hydroélectricité se passe très bien de l’adhésion idéologique au modèle de la croissance économique et énergétique perpétuelle. Au GREB, nous considérons indispensable, pour parvenir au Québec à l’indépendance au pétrole d’ici 2030, le recours à l’énergie hydroélectrique, en plus de l’éolienne, tout en réduisant de 13% notre consommation globale d’énergie en chiffres absolus par rapport à 2005, ce qui serait du jamais vu dans le monde. En d’autres termes, le dernier point fondamental dont je vous exhorte à tenir compte consiste à tenir compte des ordres de grandeur en présence lorsqu’il est questions d’énergie.
L’alertinternaute Bouchcl, lui, pointe d’abord sur la rentabilité des barrages à long terme:
A-t-on déjà perdu de l’argent en construisant des centrales hydroélectriques au Québec? Non. Avec l’hydro, presque tous les coûts sont fixes et payés sur 30 ou 40 ans alors que ces projets produiront de l’énergie pendant des décennies supplémentaires. Le projet de la Baie James est aujourd’hui très rentable, même si les coûts de construction ont triplé et que les taux d’emprunt ont parfois dépassé les 15%.
Aujourd’hui, nous avons l’avantage supplémentaire d’emprunter à des taux historiquement très bas (les plus bas depuis la construction de Bersimis) et de pouvoir financer ces projets avec 60% de dette et 40% de capital.
Avec les nouveaux projets de lignes à haute tension (le Champlain Hudson Power Express vers la ville de New York et le Northern Pass vers le New Hampshire), nous bénéficierons bientôt de débouchés supplémentaires sur les marchés les plus lucratifs des États-Unis.
Et il faut se dire les vraies affaires: personne au sud de la frontière ne peut construire 1550 MW d’énergie propre à 6,4¢/kWh ($ de 2015). Et il ne faut pas oublier que nous avons le monopole du stockage de l’énergie électrique, ce qui nous permet de choisir quand nous vendrons cette énergie pour maximiser nos profits.
Enfin, il ne faut jamais oublier que nous avons un fournisseur capricieux au Labrador et que le contrat avec ce fournisseur se terminera en 2041. Le Québec doit conserver un rapport de force pour éviter le chantage de Terre-Neuve au moment de renouveler le contrat de Churchill. La Romaine fait évidemment partie de cette équation.
Il revient ensuite sur la différence de puissance entre le projet de La Romaine et une proposition alternative de parc éolien:
Donc si je vous comprends bien M. Lisée, un projet éolien de 2200 MW installé par le privé dans la zone de plus fort verglas au Québec et où la température descend sous les -30°C est supérieur à un projet hydroélectrique de 1550 MW construit par l’État au même endroit.
En toute humilité, je vois un problème à votre argument central. Il est fréquent dans la population en général de considérer que l’hydro et l’éolien sont deux sources d’énergie renouvelable qui sont équivalentes. Or l’hydro et l’éolien ne sont pas des substituts parfaits.
Analysons froidement chacune des deux propositions. Les deux appels d’offre éoliens (2845 MW de puissance installée) produiront 9 TWh en 2016 (Voir ici, tableau 3-1-1, page 23, (pdf)). On s’attend à ce que leur contribution en puissance atteigne 30% (voir ici, pdf). Des estimations de 2500 $/kW sont fréquemment citées, ce qui nous donne un total d’environ 7 G$ pour une série d’installations dont la durée de vie estimée est de 25 ans.
De l’autre côté, on a [avec La Romaine] quatre centrales hydroélectriques avec une puissance de 1550 MW et une production de 8,5 TWh qu’on construira pour 6,5 G$ et qui devraient durer entre 75 et 100 ans.
La grande différence entre les deux options, c’est la contribution en puissance de ces deux scénarios. Et au Québec, la puissance de pointe c’est quelque chose d’important lorsque la température descend à -28°C, comme le 24 janvier dernier entre 7h30 et 8h du matin, où nous avons collectivement demandé 38 289 MW au réseau. Nos radiateurs électriques nécessitent 11 000 MW au moment des pointes et les chauffe-eau ajoutent au-delà de 2000 MW. Qui plus est, la demande en puissance (les MW) à la pointe augmente plus rapidement que notre demande d’énergie (les kWh).
La vraie question à se poser les la suivante: laquelle des deux options sera plus adaptée afin de répondre à la demande de pointe? Éolien: 30% de 2845 MW (853 MW) ou hydro: 100% de 1550 MW?
Il n’y a pas de comparaison possible. Construire des projets hydroélectriques c’est vraiment de faire du développement durable (dans tous les sens du terme) au meilleur coût.
Finalement, l’alertinternaute Pierre Couture prend la défense du couplage Hydro/Éolien:
M. Lisée vous avez entièrement raison. La filière éolienne est chère, inefficace et sans aucune fiabilité. Ce manque de fiabilité la rend d’ailleurs d’une utilité à peu près nulle contre les émissions de gaz à effet de serre dans les pays où l’électricité est produite principalement par des usines thermiques au charbon ou au gaz. Puisque ces mécaniques géantes ne fonctionnent – en moyenne – que 20% du temps, il faut pouvoir rapidement suppléer à leur défaillance le cas échéant. Puisque les centrales thermiques sont très longues à remettre en service une fois éteintes, on les laisse tourner au ralenti au cas où. Elles tournent et elles émettent des gaz à effet de serre sans produire d’électricité. Où est le gain?
Ici, la situation est différente, car Hydro-Québec est en mesure, grâce à ses barrages, de stocker de l’énergie. Si elle installait des centrales éoliennes à côté de ses barrages, elle pourrait turbiner de l’air lorsqu’il vente et stocker de l’eau derrière ses barrages. Inversement, en temps de calme plat, elle pourrait turbiner de l’eau. C’est un mariage idéal qui profiterait à toute la population et non pas seulement à des multinationales étrangères, qui préserverait la démocratie si malmenée par la politique éolienne actuelle et qui ne détruirait pas nos meilleures terres agricoles. J’espère de tout cœur que vous serez entendu.

Le débat demeure ouvert, merci Catherine

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