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Monday, May 31, 2010

Les normes sociales // la différence

Bon, je m’y mets… allons-y pour l’étude sociologique sur la différence.

On prétend que le monde, la planète, est riche des différentes cultures qui y prospèrent. Je considère qu’il faut mettre autant d’efforts individuels et collectifs à expliquer et comprendre ces différences pour maintenir ou étendre la cohésion sociale.

L’homme est un mauvais observateur(1) parce que sa présence même influe sur le comportement des observés, d’une part, et que souvent il devrait questionner plutôt que d’observer et conclure.


La majorité des gens des pays arabes qui ont la télévision satellite ont vu le « show » de la mi-temps au Superbowl XXXVII. Ils ont vu la poitrine voluptueuse de Shania Twain mise en valeur par sa brassière en « diamant ». Ils ont vu la chanteuse de « No Doubt » habillée comme une dépravée se balançant les hanches contre Sting à la façon d’une chatte en chaleur. Ils ont vu et s’ils ne posent pas de questions, ils concluent que la société américaine n’est que sexe et décadence.

La plupart des américains du « middle-west » qui absorbent via leur « tube hypnotique » et leurs 40 heures de visionnement par semaines toutes les images qui passent ont vu des arabes, des afgans et des extrémistes musulmans placés à l’avant plan de toutes les images, vilipendés dans chaque reportage, cloués au pilori sur toutes les chaînes, rendus responsables de tous les maux. Ils ont vu peu de voix s’élever pour nuancer et présenter la situation d’une façon plus globale, peu de reportages qui osaient rétablir les faits et expliquer les conséquences probables de la politique extérieure américaine. Ils ont vu et s’ils ne posent pas de questions, ils concluent que tout ce qui est arabe ou du Moyen-Orient équivaut, « And don’t get me wrong ! »(2), à un axe du mal à détruire.

Et nous qui sommes en voyage ici, qui sommes dans le désert pour 4 jours. Nous qui sommes inconfortables à l’arrivée de gens de façon impromptue lorsqu’on prépare les repas. Nous qui sommes agressés par ces transgressions dans notre éthique de vie. Si nous n’avions pas posé de questions, nous aurions observé et conclu que ces gens ne sont que des animaux sans manière venus attendre les restes de la fin du repas.

Qu’avaient fait ces gens pour que nous nous sentions délicatement agressés? (délicatement car ça ne nous a pas fait réagir instantanément). Ils brisaient, une à une, les règles de bonne manière et de conduite en vigueur dans notre société :
= Arriver sans saluer tous les invités.
= S’asseoir à proximité (dans notre bulle de 4 personnes agrandie) sans parler ni y être invité.
= Insister par sa présence, en silence, à avoir sa ration du repas.
= Obliger ses hôtes plutôt que de leur donner le libre choix.
= Ne pas traduire leurs conversations alors que nous le faisons.
= Ne pas s’excuser d’arriver à l’heure du dîner.
= Ne pas saluer tout le monde en s’en allant.


Ben pour eux (Camal et Ahmad), c’est normal. C’est comme ça chez eux. Ça ne leur fait pas toujours plaisir, loin de là, mais en général oui. Il faut dire qu’en général les gens s’arrêtent pour un chai puis quittent ensuite. Mais ils nous ont clairement dit que ce n’étaient pas tous leurs amis. Les castes supérieures imposent le respect alors que les castes inférieures passent sans s’arrêter.

C’est leur façon à eux de gérer les relations sociales. C’est leur façon à eux de gérer la rareté des ressources. En partageant. Pour nous, se promener dans le désert sans bouffe, sans eau… sans autonomie, ça ne fait pas de sens. Pour eux, la maison n’est pas loin et les gens sur qui ils peuvent compter non plus. Donc ce qui est un manque de planification et d’organisation pour nous n’est qu’un échange de bonnes manières pour eux. Évidemment il y a des gens qui abusent, comme chez nous.

Je ne dirais pas que ces façons de faire m’enchantent. Je préfère inviter même avec un très court avis mais je respecte leurs règles tant que ça les rend heureux. Nous avons posé des questions plutôt que de tirer nos conclusions à la suite de seules observations. Ce ne sont pas des questions faciles à poser car on ne veut pas blesser ou choquer. Ce ne sont jamais des questions faciles à poser lorsque se présente le saut vers la conclusion, la route facile, l’échelle vers la fin du jeu, du processus de réflexion. Il faut prendre l’habitude de poser des questions. Aller voir plus loin, varier les sources d’information. Que l’on soit arabe, américain ou voyageur sur le terrain, il faut pousser plus avant sur ce bout de chemin.
1 : Le principe d’incertitude d’Heisenberg : « qu'un système observé montre une facette de lui-même différente selon le type d'observation mené »
2 : .. rappelez-vous « W » dans ses discours depuis le 9/11.

SB
30 janvier 2003 - Jaipur

… et en passant ça s’applique aussi aux trop partielles pensées que nous vous présentons.

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