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Thursday, July 28, 2011

Galimatias

Quel beau mot, rarement utilisé.  Je l'ai retrouvé au détour d'un article fort sérieux sur la tuerie en Norvège.

Le mot puis l'article.

Selon le wiktionnaire, voici la petite histoire, l'étymologie du mot:


L’origine exacte de ce mot est obscure; certains le rapportent à l’argot scolaire de la Renaissance humaniste et en font un composé où gallus (« coq ») désigne un étudiant participant aux discussions réglementaires, avec la terminaison grecque -mathia (« science »); d’autres le font dériver du grec byzantin κατὰ Ματθαῖον katà Matthaîon signifiant « selon Matthieu »; l’Évangile selon Matthieu était récité sur un ton de monotone psalmodie, d’où le sens de « discours, psalmodie ».
Une autre hypothèse est couramment avancée : jusqu’au XVIe siècle, dans les tribunaux, les plaidoiries se faisaient en latin. Ainsi, un jeune avocat défendant la cause de son client nommé « Matthias » et dont le coq importunait le voisinage le matin, se trompa en voulant dire « le coq de Matthias » (soit en latin gallus Matthiae). Or, il dit à la place « galli Matthias » (littéralement « le Matthias du coq ») ce qui provoqua inévitablement l’hilarité générale dans le tribunal. C’est cette bourde, restée fameuse, qui serait à l’origine de notre galimatias.

... et pour la signification 

Nom commun galimatias /ga.li.ma.tja/ masculin
- Discours embrouillé et confus, qui semble dire quelque chose et ne dit rien.
  • Tout ce qu’il dit, tout ce qu’il écrit n’est que galimatias.
  • C’est un pur galimatias.
  • Je n’entends rien à tout ce galimatias.
  • Galimatias double ; galimatias que ne comprend ni celui qui le fait, ni celui qui l’écoute ou qui le lit.
  • Qui songe à votre argent dont vous me faites un galimatias ? — (Molière, L'Avare ou l'École du mensonge, acte , scène)
L'article maintenant où Marc Simard exprime son opinion, ma foi fort importante, 


Marc Simard

L'auteur est professeur d'histoire au collège François-Xavier-Garneau, à Québec.
Vendredi dernier, alors que les informations et les images en provenance de Norvège ont commencé à circuler sur le web et dans les médias, un sentiment de désespoir et d'impuissance m'a envahi, comme à chacune des tueries dont j'ai été témoin indirect depuis de nombreuses années. Pas seulement à cause de la démence du geste et de la souffrance des victimes et de leurs proches, mais aussi parce que je savais que nous aurions à subir collectivement un matraquage médiatique centré sur la personne du tueur avec photographies, témoignages et documents à l'appui.
Comme à chacune des fois précédentes, je me suis demandé pourquoi les médias fournissent autant de publicité gratuite à un déséquilibré dont c'est précisément une des motivations principales: faire parler de lui et de ses idées et voir sa face d'illuminé révélée au monde entier.
Un tel geste devrait être l'occasion pour les médias sérieux et responsables de s'interroger sur leurs pratiques en la matière, sur quatre points précis.
D'abord, il m'apparaît malsain de publier toutes les photos disponibles de l'halluciné, y compris celles où il endosse son uniforme d'opérette et où il brandit fièrement son arme. Pour une majorité de citoyens, ces images n'auront pas d'autre effet que de satisfaire leur curiosité (malsaine') ou de susciter une certaine répulsion. Mais elles alimenteront malheureusement les délires des psychopathes en herbe et susciteront vraisemblablement des vocations. Une photo passeport au maximum.
De même, pourquoi nommer le meurtrier' En effet, la simple publication de ses initiales et la mention de sa nationalité seraient largement suffisantes et le priveraient de la notoriété à laquelle il aspire.
De plus, pourquoi publier des extraits de son indigeste galimatias, qui n'a aucune valeur intellectuelle ou même historique' Un court résumé des motifs absurdes qu'il invoque dépasse déjà largement l'espace auquel l'indigence de sa pensée devrait lui donner droit.
Enfin, et c'est probablement le plus important, on devrait s'abstenir de ressusciter, à chaque massacre, les auteurs des hécatombes du passé en mentionnant leurs noms et en exhumant leurs photos des archives, où elles devraient se racornir à jamais. Ces bouchers ne sont pas des héros et encore moins des modèles. Qu'on n'ignore ni les gestes ni les victimes, mais qu'on relègue leurs auteurs aux oubliettes de l'histoire. C'est le châtiment le plus approprié (et d'une certaine façon le plus cruel) qu'on puisse leur infliger!
Les professionnels de l'information devraient centrer leur attention sur les témoignages, les réactions de la population, les analyses des spécialistes et les réponses des autorités. Et laisser aux chacals et aux bouffe-merde les divagations du détraqué et son entreprise d'autopromotion.
On rétorquera qu'il en va du droit du public à l'information, mais cet argument est un peu court. Qu'on me permette de douter que la photo d'un clown dans un costume d'Halloween constitue une information. Il ne s'agit pas de censure, mais de responsabilisation. Outre la concurrence des médias rivaux, la publication de toutes ces informations est-elle nécessaire ou même utile et n'est-elle pas, dans une certaine mesure, néfaste' Voilà la question.

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